Mission FORTUNE DE MER (2019)
L’opération « Fortune de mer » a été menée en Mauritanie entre le 14 et le 29 aout 2019.
La Mauritanie est un exemple très fort car c’est le seul pays au Monde à avoir sanctuarisé 1/3 de son littoral : le Parc National du Banc d’Arguin (PNBA° où seules 119 lanches traditionnelles ont la possibilité d’y pénétrer pour y pratiquer la pêche artisanale.
Notre choix c’est porté sur la Mauritanie car elle possède au sein du PNBA un chapelet d’iles, point d’étape majeur en Afrique dans la route de migration des oiseaux, et donc zones de haute bio diversité, dont nous avons fortuitement découvert l’exposition au plastique en 2018.
En partenariat avec les autorités locales, notre mission visait à la fois le ramassage des déchets plastiques sur des zones identifiées comme prioritaire par le PNBA (Voir graph ci-dessous et détail des zones de collecte en annexe) et l’appropriation des conditions de mise en œuvre d’éventuelles futures missions de ramassage et plus généralement la proposition de mesures de gestion des déchets pour le Parc National du Banc d’Arguin.
Regarder la réalité en face : « il est trop tard pour nettoyer en profondeur mais pas trop tard pour restaurer des zones de nidification viables » : plaidoyer pour les zones strictement protégées réellement entretenues
1. Estimation du volume global de déchets plastiques sur le PNBA (infographie)
Les 17,5 Km de côtes nettoyées représentent 3,6% du total des 500 Km de littoral (iles comprises) du PNBA. Il faudrait ainsi approximativement 30 missions similaires pour nettoyer l’ensemble du littoral du parc. Au total, on peut estimer le tonnage des déchets du littoral (hors ceux existant déjà dans les décharges) à 300 tonnes de déchets (5700 m3), soit encore 2,5 millions de déchets (hypothèse basse).
2. Ramassage des déchets hors des villages
Les principaux constats sont que cette opération constituait un premier nettoyage de ces îles et que les oiseaux utilisent couramment les plastiques dans la conception de leurs nids (cordelettes et bidons).
Caractéristiques des déchets récoltés au PNBA lors de la campagne du 13 au 29 Août 2019
Les couches de plastiques se sont souvent sédimentées en profondeur, parfois au-delà de 20 cm de profondeur.
Le nettoyage des couches profondes est très aléatoire et imparfait
Concernant la qualité du plastique, celui-ci est globalement assez dégradé. La couche superficielle peut dans certains cas être propice au recyclage mais les couches profondes sont globalement assez atteintes par le sel, le sable, les excréments d’oiseaux et il ne semble pas possible d’envisager un recyclage.
Les couches enterrées sont pour certaines déjà très friables. Outre le fait qu’elles ne sont plus visibles (elles sont détectables par le bruit lorsque l’on marche dessus), elles sont parfois trop profondément enterrées pour être enlevées notamment avec les cordelettes de flotteurs qui mesurent parfois plusieurs mètres et doivent être coupées ou ne sont récupérables qu’en contrepartie d’une destruction de la laisse de mer.
Quelles conclusions ou recommandations pouvons tirer de cette expérience ?
La mission « Fortune de mer » témoigne de la nécessité absolue de ne pas attendre que les plastiques se fractionnent.
et se sédimentent et de l’organisation de campagnes régulières de ramassage avec une fréquence annuelle au minimum.
Les zones très fréquentées par les oiseaux, dites de haute biodiversité, sont prioritaires, pour que les espèces se nourrissent et se reproduisent normalement.
Les zones de mangroves, difficile d’accès (les déchets viennent s’intercaler sous les racines et sont difficiles à extraire), doivent donc faire l’objet d’une vigilance renforcée.
Compte tenu de l’état du plastique collecté (friable, salé, sablé), il n’est plus envisageable de se concentrer sur une action de recyclage.