La voile décarbonée ne relève plus de la nostalgie mais d’une industrie en pleine expansion. En 2025, le secteur maritime voit l’émergence de navires de transport capables de réduire drastiquement leur consommation de carburant. Parmi les exemples les plus marquants, des « voiliers-cargos » (NéoLine, Anemos, Grain de Sel II, Windcoop) ont vu le jour, conçus pour que le vent soit leur moteur numéro 1.
A notre échelle et dans un contexte de plaisance, nous nous accrochons à l’idée que la navigation dans les zones les plus sensibles ne peut pas se faire autrement qu’à la voile pure. Lors des été 2023 et 2024, nous avons longé la cote ouest du Groenland, de Nuuk à Upernavik, sur une embarcation légère (catamaran de type hoby cat 18 pieds), sans moteur et sans habitacle, pour être au contact des éléments.
Dans « sa lettre à un inuit de 2022 », notre inspirateur Jean Malaurie insistait sur le rôle des peuples premiers dans la transmission d’un « savoir ressentir ». Une capacité à percevoir les bienfaits de la nature dont les « natives » sont les gardiens. Avec cette sensibilité forte à la beauté, nous cultivons à notre tour une posture d’émerveillement, de réceptivité aux vibrations. Cette réceptivité nous est facilitée lorsque l’on décide de ne plus naviguer au moteur. On ressent la mer, le vent, les odeurs de mer et de terre, et percevons ce qu’il est impossible de comprendre à l’intérieur d’une cabine, dans le bruit et la vitesse. Et mesurons en conséquence le fol impact des déplacements à moteur sur les écosystèmes.